Pour commencer, voyons de quels termes le mot "métacognition" se compose.
Cognition : faculté de connaître, acte mental par lequel on acquiert une connaissance, opération cognitive relative à la connaissance.
Méta : du grec méta – au delà de – après – qui indique le changement – la postérité, la supériorité, le dépassement.
Afin d'illustrer le terme de métacognition, et bien comprendre à quoi il se réfère, voici quelques exemples de la vie quotidienne impliquant la métacognition:
Monter un meuble implique de regrouper les éléments à assembler, de planifier les tâches (s'occuper d'abord de mettre les vis sur chaque élement, respecter ou pas l'ordre de la notice de montage, mettre toutes les étagères ou juste un certain nombre (s'il y en a), etc). La métacognition est ici sollicitée pour faire appel à l'expérience qu'on a du montage de meubles ou du bricolage en général, planifier les tâches à effectuer, respecter son emploi du temps de la journée, réguler les différentes tâches, juger du résultat général et des résultats intermédiaires, etc.
Décrire ses qualités et ses défauts, dans un entretien d'embauche, nécessite d'accéder aux connaissances que l'on possède sur soi-même (plus ou moins exactes), et de décider, selon la situation, s'il est judicieux de les livrer de manière brute à l'employeur, ou s'il convient de les modifier pour avoir plus de chances d'être embauché (si oui, de quelle manière). Tout cela est possible grâce à la métacognition.
Pour améliorer ses performances, un sportif fait appel à la métacognition. Elle lui sert à faire un bilan de ses performances, à planifier son entraînement (fréquence, contenu) et à décider de son régime alimentaire. En sport collectif, elle permet également d'analyser les stratégies de l'adversaire et de planifier les siennes. Tout cela peut se faire avec l'équipe ou l'entraîneur, il convient alors de décider si on est d'accord pour appliquer les conseils d'autrui ou s'il convient de les adapter, etc. Les situations impliquant la métacognition sont ici nombreuses, de la planification générale du régime du sportif à l'analyse plus précise sur le terrain.
A l'école ou à l'université, lorsqu'on apprend quelque chose de nouveau, la métacognition est sollicitée pour comprendre où l'on fait des erreurs, et où l'on réussit sans problèmes. Par son biais, on peut alors décider de ce qu'il convient de faire pour améliorer ses performances (relire des exemples d'exercices, se replonger dans des points de théorie, poser des questions à l'enseignant, etc).
Les domaines d'application sont donc très vastes. La métacognition est sollicitée dans tout apprentissage et dans toute tâche qui implique un retour sur soi ou une planification (qui se fait selon son expérience passée et les contraintes du moment et de la tâche).
Flavell (1976) :
"La métacognition se rapporte à la connaissance qu´on a de ses propres processus cognitifs, de leurs produits et de tout ce qui touche, par exemple,
les propriétés pertinentes pour l´apprentissage d´informations et de données... La métacognition se rapporte entre autres choses, à l´évaluation active,
à la régulation et l´organisation de ces processus en fonction des objets cognitifs ou des données sur lesquelles ils portent, habituellement pour servir
un but ou un objectif concret."
Gombert (1990) :
"La métacognition est un domaine qui regroupe : les connaissances introspectives et conscientes qu´un individu particulier a de ses propres états et processus cognitifs
; les capacités que cet individu a de délibérément contrôler et planifier ses propres processus cognitifs en vue de la réalisation d´un but ou d´un objectif déterminé."
Noël (1997) :
"La métacognition est un processus mental dont l´objet est soit une activité cognitive, soit un ensemble d´activités cognitives que le sujet vient d´effectuer ou est en
train d´effectuer, soit un produit mental de ces activités cognitives. La métacognition peut aboutir à un jugement (habituellement non exprimé) sur la qualité des activités mentales
en question ou de leur produit et éventuellement à une décision de modifier l´activité cognitive, son produit ou même la situation qui l´a suscitée."
Sur la base de ces trois définitions généralistes, on distingue déjà trois composantes principales de la métacognition, c’est-à-dire les connaissances métacognitives, les évaluations ou jugements métacognitifs, et enfin la régulation des activités cognitives par le biais de la mise en place de diverses stratégies. La métacognition est alors vue comme un apprentissage auto-régulé divisé en trois éléments :
Connaissances Métacognitives : Elles regroupent les connaissances déclaratives, procédurales et conditionnelles sur la cognition, les stratégies cognitives et les variables liées aux tâches qui influencent la cognition. Dans certains modèles on parle de conscience métacognitive plutôt que de connaissances métacognitives, mais comme le terme de « conscience » est quelque chose de plus « actuel » qui se produit « sur le moment », les auteurs préfèrent en général parler de conscience métacognitive comme d’un aspect des jugements et du suivi métacognitif (2e élément). Les connaissances métacognitives sont donc distinctes d’une « conscience métacognitive ». Ces connaissances sont comme toutes autres, et donc, plus statiques. Elles sont déclaratives ou procédurales.
Jugements et Monitoring Métacognitif : Ici il s'agit de la conscience métacognitive et des activités métacognitives "online". On peut inclure ici quatre processus :
Auto-régulation et contrôle : C’est plus un processus et une activité "online" qui consiste à adapter le comportement suite à l’évaluation en cours de la situation (2e élémént). Contient la planification, la sélection de stratégies, l’allocation des ressources et le contrôle de la volition.
La métacognition survient quand l’environnement s’impose au sujet comme problème à résoudre. Elle est liée à l’intentionnalité, et donne sens à l’environnement, elle est facteur de redescription et non simple action sur la cognition. Elle concerne aussi bien des tâches abstraites que des tâches "manuelles". On parle ainsi aussi bien de métacognition dans le milieu scolaire et le milieu de la formation en général que dans le milieu sportif.
Pour conclure, on peut dire que la métacognition est donc un ensemble de cognitions sur nos cognitions. La différence entre la métacognition et la cognition est l’aspect conscient, ou contrôlé des processus, mais aussi l’aspect sémantiquement pénétrable du domaine en question. La métacognition est liée aux problèmes de l’attention, de la verbalisation, de l'apprentissage, et aux autres paradoxes de la réflexivité.
Flavell, J.H., (1976). Metacognitive aspects of problem-solving. In L.B., Resnick (Ed.). The nature of intelligence. Hillsdale, N.J.: Lawrence Erlbaum Associates.
Gombert, J.-L. (1990). Le développement métalinguistique. Paris : Presses Universitaires de France, Collection Psychologie d´aujourd´hui.
Noël, B. (1997). La métacognition. Paris, Bruxelles : De Boeck Univesité.
Wolfs, J.L. (2005). Métacognition et réflexivité dans le champ scolaire : origine des concepts, analyse critique et perspectives. In M. Derycke,
Culture(s) et réflexivité. Publications de l’Université de Saint-Etienne.
Yzerbyt, V., Lories, G. & Dardenne B. (1998). Metacognition : Cognitive and Social Dimensions. London : SAGE Publications.